Europop

J'y allais à reculons, quatorze ans que ça aurait pu me tomber dessus, ou plutôt quatorze centimètres que ça aurait pu me rattraper, si on mise sur les attractions interdites aux moins de 1m02 ou 1m40.
EuroDisney est pour moi depuis toujours une sorte de mètre-étalon des compromissions dans lesquelles tant de jeunes parents se croient obligés de se commettre sitôt qu'ils le sont devenus, jeunes parents, et pour ainsi dire la référence des lieux et loisirs "pour les enfants", tout en marques déposées, parcours fléchés, et produits dérivés.
Et puis finalement, à la faveur d'une invitation inattendue, je me suis retrouvée samedi dans le Luna Park le plus couru de ce côté-ci de l'Atlantique.
 
J'ai bien sûr imaginé faire du mauvais esprit, et je vais sincèrement essayer de ne pas répéter à l'envi comme une mauvaise blague réchauffée qu'à mon sens, le véritable concept du parc c'est le labyrinthe! (ou la flashmob faut voir) qui voit la foule s'amasser enthousiaste en kilomètres de queue sur des motifs compliqués d'entrelacs qui me rappellent les méandres de l'intestin grêle sur les planches anatomiques de ma vie d'avant (quand j'étais un yaourt) : vu du ciel, cela doit ressembler aux 'mazes' anglais, dédales labyrinthiques de buis taillé, avec des piétons agglutinés en guise d'arbustes.
Moi qui n'imagine pas un seul moment faire la queue pour entrer dans un bar ou une expo...

Comme le parc fête ses vingt ans, j'ai imaginé dans une brève divagation l'étrange happening que ça serait de laisser Dinos et Jake Chapman s'emparer des décors et des automates de la Maison hantée pour nous livrer leur vision personnelle et abjecte des spectres et des fantômes, ou Cindy Sherman accaparer tous les regards lors d'une grande parade toute à sa narcissique gloire, fardée, costumée, grimée en sirène à paillettes ou en blonde Rapunzel. Ah et puis Wim Delvoye pourrait nous inventer un nouveau canon propulseur (cf. le paragraphe précédent) encore plus ravageur que celui du Spéce Mountène (comme disent les gamins marris de moins de 1m32 croisés aux environs). Et puis je me suis dit que non, les princes saoudiens ne goûtaient sans doute pas l'art contemporain dans ce qu'il a de plus trash ou obsessionnel, et moi non plus du reste.
Je préfère infiniment et plébiscite (oui oui, moi toute seule) l'idée qu'a eue Disney de proposer à la photographe argentine Irina Werning de solliciter des visiteurs du parc des débuts pour qu'ils postent leur photos souvenirs et, vingt ans plus tard, s'emploient à en reproduire une copie quasi à l'identique avec les mêmes cadrage, accessoires, lumière, et bien évidemment décor.

Et plus modestement, j'ai particulièrement goûté le plaisir de renouer avec les élans de joie spontanée, les sourires ravis, les plaisirs de gosse que mes ados de garçons s'emploient habituellement à brider, tout occupés qu'ils sont à jouer aux grands (comprendre rudes, rogues et rebelles) alors qu'ils ne feraient pas de mal à une mouche, mes moucherons.

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