War Games

Fortement imprégnés de mauvaise culture populaire à base d'entertainment télévisuel, et s'aidant néanmoins du Manuel des Castors juniors (1re édition de 1970!), vertueux volume d'édification de la jeunesse dont l'usage se trouve ainsi honteusement corrompu, ma paire de garçons maison a entrepris de fonder une confrérie de bandits dans la cour de l'école, crânement intitulée "Mafia scolaire".

Ils en sont à la phase d'élaboration du concept: brainstorming, identification d'une mascotte, d'un logotype, conciliabules*, plans de masse sur papier à en-tête de la Direction des affaires scolaires (hum hum, détournement de fonds publics: ils apprennent vite, les sacripants!) avec force bancs, empreinte des platanes et escaliers grossièrement rendus par Camille. Les légendes y sont escamotées: pas de temps à perdre avec l'orthographe (planq', toilet' ou l'inattendu 'scalier...)
Une précision importante est qu'habituellement les schémas de Camille seraient plutôt des "vues d'artiste": quand il doit dessiner par exemple un petit schéma de manipulation en chimie, on croirait un croquis de travail d'un maître flamand: volume et perspective, éclat du verre du Bécher suggéré par un habile reflet, porosité du bâton de graphite, et éventuellement quelques noeuds dans le bois de la table... Mais bon là, il s'agit d'être efficace et factuel.

Sur le document que je me suis procuré (ils n'ont pas encore intégré la dimension secrète de la chose...), figurent aussi en miniatures les pièces de l'arsenal: entre autres, un lance-roquette déguisé en sèche-cheveux volumateur? les insignes des grades militaires, la distribution des rôles avec les copains/complices, une indispensable liste de mots en espagnol tels que "Holà, el, del, Fraggio (!?), Avion, Billete, Aeropuerto y Empalme" et enfin, la définition de leur mission, savoureuse et ambitieuse, qui me fait rallier leur cause illico, je cite: éviter le pire !!!

*En fait de conciliabule crapuleux, Naveen étant un assez piètre dissimulateur, j'ai cru comprendre que la mission les menait à dimanche prochain, ayant dû confirmer par trois fois que je serais présente et que non, nous n'avions rien de prévu ce jour-là. Mais ce n'est un secret pour personne, les mafieux sont très attachés à leur maman, même en Espagne, hein.