Poésie décimale

Ce soir c'est rentrée des classes.
Après un réveil inespéré aux aurores (dont les couchers très tardifs des jours précédents ne présageaient pas), ma petite troupe scolaire avait rendez-vous ce soir avec ses premiers devoirs de l'année.
Pleine d'allant et de ressource, je me suis penchée sur les fractions de l'un et les haïkus de l'autre. Des haïkus?! à écrire pour demain?! et sur six thèmes différents: le réveil, le retour à la maison, le coucher, le contrôle, la récréation, la salle de classe?! Pfou. Tant de réalisme au ras du cahier doit sans doute viser à démontrer efficacement l'économie du haïku, sa dérision et son immédiateté.
Naveen, habituellement habile pour écrire, était sans doute intimidé et pris de court par le prosaïsme impératif du haïku. C'est un petit garçon très pragmatique, concerné par les affaires domestiques, toujours premier de corvée (de lave-vaisselle, de chaussettes à marier, de ravitaillement en lait ou en céréales), et qui ainsi à ma question: "que fait-on la nuit?" (item 3: le coucher) répondit à coup sûr: "on dort!" alors que Camille préféra: "on rêve..."
Ce dernier était à la peine avec une méchante ligne graduée divisée en tiers d'unité (quoi de plus abstrait, alors qu'on pourrait parler quarts de pizza et tiers de bûche au chocolat pour faire passer les maudites fractions); il lorgnait du côté des haïkus:
(item 4: le contrôle)
Moi: - "à quoi penses-tu quand on te dit contrôle? écris des mots qui te passent par la tête! par exemple, qu'est-ce qui est vide à l'instant du contrôle?"
Naveen, toujours appliqué à répondre de manière 'juste' et factuelle: - "euh la feuille?"
Camille, facétieux: - "la tête de Naveen!"

La nuit est tombée
La bûche se consume
Les bons mots crépitent!

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