à lire et à manger


Ce genre a-t-il un nom dans le marketing éditorial? Un récit souvent autobiographique, dont chaque étape est ponctuée de recettes.
Je lis en ce moment un petit livre sur ce mode-là de Linda Furiya, Américaine d'origine japonaise, BentoBox in Heartland. My Japanese Girlhood in Whitebread America. Il y avait eu auparavant La colère des aubergines de Bulbul Sharma et encore Bazar Magyar de Viviane Chocas.
Mes premières lectures 'gastronomiques' remontent cependant à un roman lu il y a très longtemps (j'avais l'âge de ma fille...): j'étais clouée au lit par un mauvais rhume, une amie de ma mère m'avait offert Les enfants de l'été de Robert Sabatier, roman charmant et ensoleillé s'attachant aux aventures estivales d'un couple d'enfants. Je l'avais englouti en peu de temps, alléchée surtout par les récits concis et gourmands que l'auteur faisait des repas!
Le livre de Linda Furiya me rappelle page après page combien la nourriture, la cuisine, les repas, les saveurs et ce qu'on y projette, autant d'instants très concrets et terre-à-terre, sont fondamentalement culturels et propres à construire une identité, une histoire singulière. Spécialement quand on a hérité comme elle ou moi de racines étrangères.

J'aimerais à mon tour écrire et dérouler ces souvenirs de bouche, ils auraient pareillement la nostalgie de l'enfance, la fascination des pays traversés par l'histoire familiale, la suavité du quotidien qui se palpe, se hume et se mâche. En y réfléchissant, je me rends compte à quel point chacun de ces instantanés pourrait aussi révéler un peu de cette histoire, que je partage et lègue désormais à mes enfants.
Une première saynète, en vrac, qui est plutôt un clin d'œil, ironique, en forme de revanche. Ayant bataillé des années durant contre la volonté maternelle de rester dans le giron de ma culture et de ma race, la bataille se poursuivant des années durant au-delà de mon mariage avec un non-Indien, je savoure aujourd'hui modestement la curiosité culinaire et le goût alerte de mes enfants pour la cuisine de leur grand-mère.
Avec des plats comme le maquereau ou les crevettes en sauce tamarin avec des gombos, les lentilles en purée onctueuse servies avec un riz blanc et quelques légumes sautés (basique végétarien orthodoxe du sud de l'Inde), les vindaïs et autres kurmas, les beignets de pois-chiches, les dosas croustillants (crêpes de riz et soja fermentés) avec une tombée d'huile de sésame et une pincée de poudre 'podi' (lentilles, piment sec, graines de moutarde, et au moins 40 autres ingrédients, cela va de soi). Bref, une véritable adhésion patrimoniale qui me ravit, et ravit plus encore la grand-mère, très fière aujourd'hui que ces petits-enfants-là fassent honneur à sa cuisine, quand d'autres cousins issus de cousins, 100% Indiens ceux-là, lui préfèrent les frites ou le Nutella...
D'autres histoires, plus tard.

*en photo, des feuilles de bananier soigneusement lavées et taillées, en guise d'assiettes éphémères.

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