Ars longa, vita brevis

"L'homme dans le coma depuis son interpellation est mort."

J'ai beau lire et relire et retourner trois fois cette proposition très simple dans sa syntaxe, je la trouve assez malhonnête, bancale et digne des perles qu'on nous sert à propos de la PQR (presse quotidienne régionale).
Il s'agit du titre d'une info publiée ce soir sur la page facebook d'un grand quotidien national. Et là je ne peux m'empêcher de repenser à ce rétrécissement irrésistible des formats de texte dans l'actualité et de leur compression jusqu'à l'absurde ! Quelques hashtags et des mots clés feraient tout aussi bien et sans doute mieux mon affaire que cette phrase incroyablement cynique dans son rythme.

Je me faisais la réflexion que je perdais beaucoup de temps ces jours-ci à lire les titres des posts de mes medias préférés sur fb.
Je ne vais jamais au-delà du titre que dans deux cas sur dix, car celui-ci est trop souvent implicite (a fortiori la version embarquée pour smartphone). En effet, le cœur (ou la moelle, ou le lemme) du sujet (ce dont on cause, quoi) ne se repère pas formidablement. Un peu comme dans ce post au demeurant;-) Ou alors c'est inepte, comme ci-dessus.
En attendant de repeupler mes nuits et mes trajets souterrains avec la compagnie des Frères Karamazov ou Oriane de Guermantes, mais aussi d'Ivo Andrić, Milena Jesenská, Edgar Morin, Leo Perutz, Jules Renard ou Annie Ernaux, j'ai décidé de bouder ces petits bouts de lecture stérile en faisant un tri drastique.
Je m'intéresse désormais exclusivement, parmi mes voisins journalistes ou encore les enthousiastes habitants de la soucoupe, à ceux qui, tout enlignés que soient leurs articles, n'ont pas oublié l'art de l'accroche et de l'appel de une, de l'incise et du bon mot.
Grâce leur soit rendue.

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