Francis se promène dans la campagne*

et soudain, mon discret collègue de bureau m'invite à aller manifester auprès de ceux qui ont poussé la sono et déroulé des banderoles sur le trottoir d'en face (un marchand de canons, comme aurait dit Boris).
Un peu prise de court par son audace (on entend les mouches voler habituellement), je lui réponds  que je ne sais même pas ce qui s'y revendique, alors manifester sans savoir pour quoi ni contre qui, est-ce bien envisageable...

En vrai, j'apprends aujourd'hui à être l'ombre de moi-même, à m'en cogner d'ennui, prudente, mutique ou mimétique s'il le faut, et désormais je ne parle jamais plus que mon interlocuteur, je m'applique à l'écouter avant de l'agonir de mes blagues irrésistibles, de proférer mes jugements à l'emporte-pièce ou de l'assommer avec mes intuitions fulgurantes, forcément fulgurantes.

"La crise, me répond-il en souriant, c'est un bon motif. Les lendemains qui déchantent!"
"Hou la tu sais moi présentement, sache que j'aurais plutôt tendance à préférer le repli! à cultiver mon jardin, enfin jardin... c'est une façon de parler, je suis parisienne quand même."
Mon interlocuteur me répond alors du tac au tac: "Eh bien allons manifester pour la défiscalisation des balcons parisiens, c'est une mesure salutaire en temps de crise!"

Il faudra que je pense à recommander mon voisin de bureau à Gaspard Delanoë qui bat campagne actuellement et a déjà commencé de rassembler un authentique shadow cabinet à ses côtés.



*vivement le prochain album de Francis Blaireau Farceur...

Commentaires

  1. Quand tout à coup, tu n'es pas sur la photo.
    Il est temps, je pense, que tu cessasses de tâcher à être l'ombre de toi-même, fût-elle ambrée. Ça ira, je propose, ça ira bien comme ça. Reviens au soleil. Il est rose, lui aussi.

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