Modiste modestie

Quelques vers soyeux, extraits de l'Herbier sous-cité
Comme toute parisienne moyenne (en taille, en ressources, en temps libre), je prends le métro.
Et quand je ne me lance pas à pouces perdus dans l'écriture d'un texte pour le catalogue ci-présent ou dans un courrier à ma fée Clochette ou à mon grillon, je regarde les gens. Mes compagnes de route surtout, parce qu'on est bien d'accord, les femmes sont infiniment plus intéressantes à regarder : leur mise est recherchée, souvent, même si on n'en saisit pas toujours le sens ou la visée, beaucoup sont pimpantes, et jolies. Je me dis souvent que j'aimerais perdre mon temps de trajet à les croquer, allez zou un petit dessin sur un bloc à spirales, pour relever le détail d'une ceinture ou la chevelure en plumes sur le visage, les chaussures à la cambrure extravagante, la couleur bleu délavé des yeux ou le trait parfait d'un sourcil.

Quand donc un photographe voudra-t-il bien descendre dans les entrailles de la ville et malgré la lumière blafarde  embrasser une pommette, surprendre un regard endormi, enlacer des mains gantées, humer un petit casque ébouriffé, cueillir un galon, un bouton ? Et puis quoi, il y a aussi cette invention fabuleuse qu'est le métro aérien !


Ainsi, à la manière de M. Le Tellier et de son Herbier des villes chez Textuel, mon photographe prendrait le revers des somptueuses séries de mode qu'on nous prétend pétries et mâtinées de l'air du temps et du sirop de la rue (alors qu'on y bat le pavé entre Fashion Week new-yorkaise et la Via Montenapoleone à Milan).

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