Comptabilité

Je ne sais plus où j'ai lu que des internautes s'amusaient à répertorier scrupuleusement toutes les données chiffrées imaginables pour rendre compte de leur existence: cela va du bilan carbone consciencieusement calculé à l'inventaire statistique, vain et farfelu.
Je me souviens aussi de l'entreprise poétique d'une blogueuse qui avait énoncé dans un nuage de mots tous les objets qui composaient sa journée matérielle, à la manière d'une capsule time, de la lotion démaquillante à l'interphone en passant par le filtre à café ou le bus; là j'ai oublié son nom... (avez-vous déjà essayé de rattraper un vague souvenir de lecture qui remonterait à plusieurs mois dans les mailles distendues et versatiles du web et de Google?!)

Bref, ces tentatives d'écriture comptable m'amusent, bien évidemment. Et j'ai décidé de m'y mettre, en y ajoutant un convertisseur, comme dans la page "conso" d'un Glamour récent (là je m'en souviens!) qui propose en général des équations auxquelles je n'aurais pas pensé, eu égard à leur exotisme, par exemple: une douzaine de soirées au restau avec les potes = une semaine all inclusive à Ibiza.
Ici ça pourrait être:

• une belle écharpe en alpaga = 2 séances chez la psy;
  
• une séance chez le psy = 4 séances de yoga;
  
• une séance de yoga = 2 mojitos chez mon voisin colombien;
  
• un mojito = le journal tous les jours de la semaine;
  
• un journal = 2 lettres à des amis lointains;
  
• une lettre = la perspective réjouissante d'en recevoir une en retour!

Une variante pourrait être:

• les 3803 pièces de l'Etoile Noire en Lego Star Wars = 6 séances chez la psy;
• une séance chez la psy = 2 Landspeeders, avec les figurines de Luke Skywalker, R2D2, C-3PO (Lego Star Wars pour ceux qui ne suivent pas);
• une Landspeeder = 10 Picsou Magazine, avec le gadget de la mort qui tue*;
• un Picsou Magazine = 10 têtes brûlées chez le boulanger (improbable* bonbon extra-super acide);
• une tête brûlée = 6 pièces Lego.
  

* ici: pas moins de 3 occurrences de mots-poncifs, galvaudés, usés jusqu'à la trame, que Frédéric Pommier a dépistés dans son Mots en toc et formules en tic. Petites maladies du parler d'aujourd'hui (comprendre: dans les medias), Seuil/France Inter.
Pour autant, je refuse catégoriquement d'écrire "c'est clair", ou encore "c'est frais" dont abusent mes ados/pré-ados d'enfants avec le charmant "j'avoue", proféré à tout bout de champ. C'est juste* pas possible...