Moi, rosse et méchante

Je le croise assez souvent dans mon quartier, généralement entre mon immeuble et la bouche de métro.
Il ne se sépare jamais ni de son litre de vin (?) ni de son calot qui le fait ressembler à un marin russe au long cours (du moins l'idée que j'en ai), alors qu'il est Polonais. Je le sais pour l'avoir entendu parler une fois, seul au milieu du trottoir, les pensées ensuquées dans le fort et mauvais alcool.
Il aurait pu se ratatiner avec les années mais en fait ce serait plutôt l'inverse: il s'empâte et se densifie. Ses savates sont en velours dévoré (comme on aurait dit chez Lacroix), son pardessus trop grand et cartonneux (c'est pas du Margiela pour autant), et ses yeux sont bleu clair. Je le vois vieillir, et confire assurément. Le croise à des heures diverses de la journée. Me souviens de l'avoir vu un matin qui se rasait sous la pluie, s'appliquant devant la glace improvisée d'une vitrine sans tain.
Et face à cet homme qui n'en finit pas de vivre misérablement, je nourris une rancœur et un égoïsme mal inspirés: pourquoi pas lui? que rien ni personne n'attend.
Voilà c'est dit.

Commentaires

  1. Gloups ! et regloups ... Es-tu sûr que personne l'attend ?

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  2. pas envie de savoir quand je suis dans une phase de régression morale! rassure-toi, je passe vite à autre chose...

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