Wanderland

C'est (presque) l'été et la saison des voyages, petits et grands. Toujours aimé partager ces séjours avec ma petite troupe; nous voyageons légers, partons sans programme pré-établi, improvisons. J'ai souvent avec moi cela dit un guide composite d'articles découpés, d'adresses word of mouth, et d'idées fixes subjectives et sympathiques comme une chambre à l'hôtel New York de Rotterdam sur les docks, un cornet de bhel puri à Mumbai sur Marina Drive, ou les puces de la place du Jeu de Balle à Bruxelles avec l'espoir d'y trouver un autre ours polaire en céramique (façon François Pompon) qui tiendrait compagnie à mon spécimen acquis il y a deux ans. Bon, à l'arrivée, j'ai acheté à Londres un oiseau danois en bois tourné, dormi à l'hôtel Marina à Sorrento, mangé des gaufres au sucre à Chennai, et fait la vie à Varsovie.
Le principe est qu'il n'y en a pas: nous mangeons quand nous avons faim, dormons tout notre soûl sans la sotte obsession de vouloir "profiter pleinement" de notre séjour (on est en vacances hein), et surtout nous immergeons avec bonheur dans la foule étrange étrangère, éprouvant ce vertige infime et délicieux du "dé-centrage", de la perte des repères de la langue, des visages, des vêtements, des postures et des intentions.

Toutefois, les enfants étant des petites personnes parfois très prévisibles et casanières, je me retrouve à répondre à leurs questions candides autant que prosaïques: au hasard, le récurrent "où va-t-on manger?" Comme s'il tombait sous le sens que je connais Naples/Madrid/Londres/etc. comme ma poche. J'aime bien les chahuter et les embarquer avec aplomb dans un dédale de rues jusqu'à une adresse inconnue d'eux autant que de moi! Ou les plonger dans le désarroi en leur répondant que je ne sais pas! et que dans la vie il faut savoir prendre des risques.
Leur apprendre ainsi qu'il est parfois agréable de se perdre et déambuler, en se laissant guider par la promesse d'un portail entrouvert, d'un chemin de traverse, d'une paisible impasse herbue.
Instiller un peu de hasard heureux et hasardeux* dans leur vie, ça peut toujours servir...






* Pour les hasards malheureux, comme disait leur papa: Dieu y pourvoira.

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