Miro

J'ai voulu voir Cronenberg, j'ai vu Richter. Bien m'en a pris, avant que la couverture média de cette expo marquante ne prenne de l'ampleur.
Ses gris et ses verres peints sont infinis, ils vibraient aujourd'hui à l'unisson des brumes et des pluies sur les toits de Paris tout autour du centre Pompidou.

J'aime bien que mon œil de myope astigmate se trouble face à ses huiles silencieuses et s'égare dans ses très grands formats où, comme les enfants dont l'imagination s'abîme dans le motif des papiers-peints, je discerne des silhouettes, des contre-jours et des souvenirs de ses autres tableaux très figuratifs: ici une caméra de surveillance, une double porte battante, là un balcon de théâtre avec trois personnages masculins, ou un joli poisson vert avec des jambes noires, etc. Ma fille, pour me faire plaisir (?), invente ailleurs un personnage devant une baraque à frites ou un stand dans une foire; elle n'oublie pas néanmoins de se moquer de mes problèmes d'accommodation... Avisant un portrait où l'on devine à peine les traits, elle s'esclaffe: "c'est comme ça que tu vois les gens dans la rue?" Quasiment oui, s'il me prenait la fantaisie de sortir sans lentilles...
Je ne m'étais jamais posé les faits ainsi: ces nuages paisibles ou les toiles photographiques sereines et mélancoliques qui vibrent merveilleusement pour moi existent différemment pour un hypermétrope ou un œil à la dioptrie parfaite.
Voilà peut-être pourquoi mes propres dessins affichent toujours une courbure assez curieuse, comme des silhouettes concaves affectées d'une scoliose incurable...
Quand je serai grande, je veux être Peggy Guggenheim

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