La Croix du sud


Je retrouve Julio Cortázar, et c'est comme si je ne l'avais jamais quitté.
C'est un réconfort surprenant et un plaisir singulier que de relire un auteur qu'on a lu passionnément, dont on s'est nourri avidement et qui nous a si durablement habité. Comme une partie de soi. Il faut dire que mon monde est divisé en deux catégories de personnes: celles qui ont lu Marelle et celles qui ne l'ont pas lu! tant ce livre foisonnant inouï attachant a été mon roman d'initiation, mon viatique pour la vie adulte, l'objet transitionnel de mes vingt ans.
Lectrice casanière, sédentaire, régressive, je ne suis pas loin des enfants qui ont lu, lisent et liront cent fois encore les aventures de leur héros favori.
Et pourtant, Cortázar était un passeur autant qu'un conteur et j'ai lu grâce à lui de nombreux autres écrivains car je voulais tout embrasser de ce qui pouvait avoir ému ou saisi l'auteur que j'aimais tant, dérouler mes pas dans l'empreinte des siens.
Je lis aujourd'hui Crépuscule d'automne, album de poésie, en prose et en vers, animé de courtes citations, ou de notes personnelles livrées avec simplicité. J'y croise ainsi d'autres plumes, d'autres ramages, et puise comme jadis à la source de mon Argentin préféré tant de sésames et de pistes nouveaux, de promesses de lectures et d'aventures futures.
Je découvre entre autres Alejandra Pizarnik*, plume fragile, petite voix délicate et fêlée, comme une cousine argentine de Sylvia Plath ou de Janet Frame, vieilles amours littéraires d'antan. Il en va ainsi de mes lectures amniotiques...

*Journaux, chez le même éditeur, José Corti.

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