Emportée par la foule

J'aime beaucoup la Toile, je me complais dans ses nasses depuis toujours, web des débuts, web 2.0, tout ça. Je n'ai pas encore tout à fait compris ce que le web sémantique de W3C tramait, sinon une optimisation de la recherche et de la corrélation des données (?), mais j'avoue que la dimension ludique et inspirante qui pourrait un jour en émerger m'échappe pour l'instant, si toutefois il y en a une!

Je m'emballe littéralement pour tout ce qui de près ou de loin me réconcilie avec le web de mes débuts, du moins l'idée que j'en ai gardée: artisanale, débridée, libertaire, communautaire. Je me souviens du temps où je zonais sur rezo.net, lisais David Dufresne sur davduf.net et suivais avec gourmandise les textes postés sur grossefatigue, "le site des petites frustrations et amertumes quotidiennes", brillant blog nombriliste aujourd'hui éteint.
Alors tout ce qui me semble aujourd'hui entretenir cet esprit frondeur et libre m'enchante: ainsi les projets crowdsourcés, quels qu'ils soient.
Je pense non pas tant à ceux qui œuvrent au bien public ou privé (les idées ingénieuses y sont légion: de Hypios à ipaidabribe, en passant par Pickydomains) mais aux audaces qui relèvent de la démarche de création pure et du dessein artistique, comme les cartes interactives Soundcities du britannique Stanza qui permettent des déambulations sonores dans diverses villes du monde à partir de bruits enregistrés, ou cet autre "projet d'art global" Inside Out que JR a initié depuis sa cabine Photomaton installée au centre Pompidou et qui repose sur la participation de tous les passants ou internautes mis en boîte et en affiche.
Je plébiscite aussi Open Goldberg Variations, entreprise de propulsion dans le domaine public des trente Variations Goldberg par la pianiste Kimiko Ishizaka; à vrai dire j'ai d'abord cru qu'elle entendait confier chacune des variations à un interprète différent: cela reste à faire, qui pousserait le participatif jusqu'au bout! tout comme il existe de nombreux projets "open books" ou livres ouverts, écrits à plusieurs mains et claviers, à la manière d'un cadavre exquis géant.

Dans le même ordre d'idées, je suis séduite par le concept du système Recaptcha (le captcha, c'est le petit bout de texte scanné qu'on vous donne parfois à épeler en guise de sésame) où chaque petit morceau de texte se révèle en fait être un micro-fragment de livre imprimé en cours de déchiffrage par la communauté des internautes: même si depuis, Recaptcha a été rachetée par Google pour ses besoins en numérisation, cette invention éminemment borgésienne me ravit.

Etc.

NB: je crois avoir explosé mon quota d'emphase et de superlatifs dans ce post, contrebalançant la noirceur du précédent. Qu'en déduire, sinon qu'au fond je suis foncièrement démagogue...

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