Spectres

L'annonce de la démission de Steve Jobs il y a une semaine m'a plongée dans une tristesse crasse.
Certes il y a l'attachement familial et atavique à l'univers Mac et à son design inventif et addictif, au sens large et complet du design: la ligne graphique, mais aussi l'interface, l'ergonomie.
Il y a surtout, comme à l'approche d'un orage menaçant où le ciel s'assombrit et où les martinets se taisent dans des tourbillons de vent muet, le pressentiment d'une fin qui approche.
J'avais eu il y a quelques mois cette même sensation, douloureuse parce que trop familière, de la mort qui s'annonce et qui s'affiche crânement dans les yeux étrangements clairs, sur le visage émacié d'un jeune médecin controversé, auteur à succès, ou d'un député aux couleurs et au verbe tonitruants.
Je me souviens que cet instant m'avait pesé terriblement: les infos télé repassant les mêmes images dans l'hémicycle, les enfants avaient regardé attentivement cet homme à la démarche douloureuse et lasse, et cet étrange sourire que nous reconnaissions eux et moi; c'était le sourire résigné de l'homme qui se sait condamné. Un ange est passé, nous avons échangé un regard entendu et presque gêné par cette encombrante complicité. Et sommes retournés à nos moutons.


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Ce message a été envoyé depuis un terminal BlackBerry de Bouygues Telecom

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