Un andouillon des îles au Porto musqué




Ne jamais dire jamais.
Je me croyais rétive à toute forme d'entertainment organisé, de celui qui vous enjoint de vous amuser! Cela va des soirées à thème aux enterrements de vie de jeune fille en passant par les parcs d'attraction, les promenades digestives dominicales de mon enfance ou les parties de cartes auxquelles je n'ai jamais rien compris. Et je ne parle pas de ma désaffection pour toute forme de sports collectifs.
Alors que ce que je préfère par-dessus tout, c'est partager un bon repas et de bonnes bouteilles en parlant tout mon soûl et en m'écoutant parler.
J'ai découvert une autre forme d'exploration de la convivialité et du vivre-ensemble. Je suis piquée de jeu. Je m'étais pris au jeu des petits papiers? Je m'enthousiasme désormais pour un jeu de pure éloquence et de rhétorique moquant dans un seul mouvement la publicité, le marketing et les investisseurs, et peut-être aussi les politiques et leurs électeurs...
Il s'agit d'un jeu nommé The Big Idea (distribué en France par FunForge) qui existe déjà aux US sous une forme plus rustique, diffusée à peu de frais par son inventeur puisqu'il en envoie les quelques éléments sous forme photocopiée dans une enveloppe cartonnée.
L'idée de départ est oulipienne en diable: il s'agit de piocher pour les associer dans deux piles de cartes des noms et des adjectifs et de s'improviser bonimenteur des inepties ou des objets non identifiés qui en découlent pour (espérer) les vendre à son auditoire.
Les créativités se révèlent, ou pas: le fumiste croit vous emballer avec un vulgaire couteau substantifuisse amélioré; la copine facétieuse invente des usages inouïs aux ustensiles les plus prosaïques à coups d'attributs transcendantaux; le tribun-né met à profit cette soirée ludique pour fonder les concepts fumeux de demain, en les étayant brillamment.


Il me vient d'ailleurs une idée de détournement, inspirée par les Yes men, Anonymous, et autre Action Discrète, caustiques agitateurs simplement potaches ou carrément corrosifs.
J'adorerais voir débarquer dans mon grand magasin de quincaillerie préféré de zélés démonstrateurs qui déplieraient discrètement leur étal tels des joueurs de bonneteau à la sauvette. Ils animeraient une tête de gondole au rayon Arts ménagers, armés de leur plus grand sérieux, pour vendre des porte-gendarmes anti-adhésifs, un ouvre-pigeon lubrifié, ou un gouvernement panoramique réfléchissant, en blindant la communication et l'argumentaire, tant et si bien qu'on ne saurait pas si c'est de l'art, tendance performance, ou du cochon, rayon andouillon...

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