Et c'est ainsi qu'Allah est grand*



Nuit blanche sous un ciel incroyablement clair alors que nous entrons dans la saison des frimas: je reviens d'un concert de musique soufie bengalie puis marocaine (après un prélude indonésien qui sonnait comme un orchestre de musique arabe classique).
Ce concert s'inscrit, me dit mon programme, dans un "cycle des Larmes" (entre Christophe Rousset et Les Arts Florissants).
Belle intention que de donner à entendre la mélancolie et la douleur exquise de l'absence, du moins sa mise en scène emphatique et mystique, en mots et en musique. Je pense à tous ces poèmes traduits du persan ou de l'urdu qui traduisent le déchirement, la quête, l'extase et ont pour moi toujours résonné davantage comme une intranquillité amoureuse.
Ce que j'entends ce soir n'est que débordements enthousiastes et fervents, la prétendue dévotion religieuse s'affiche toute de démesure et d'énergie païenne. Je lui trouve la même vivacité et la même tension insupportable et envoûtante qu'un Sacre du Printemps ou qu'une théorie de tambours en transe.
Et je me dis que la religion est parfois bien inspirante et inspirée. Parfois.

* Et c'est ainsi qu'Alexandre Vialatte signait ses chroniques hebdomadaires pour le quotidien La Montagne. Compilées en deux volumes de la collection Bouquins chez Robert Laffont.

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