Il y a quelque part dans la maison familiale un lot de vieilles bandes magnétiques BASF pour lesquelles nous n'avons plus guère de lecteur. La bête qui aurait pu nous restituer ces vieux souvenirs musicaux est hors d'usage, lourde et rectangulaire dans son étui en cuir noir comme une besace de plombier, la tête de lecture est enrayée et le moteur qui entraîne les bobines a rendu l'âme. C'est donc dans sa propre mémoire sonore que l'on retrouvera les harmonies pop rock du formidable groupe des
Night Walkers que mes oncles avaient formé dans leurs jeunes années, cependant que mon papa leur grand-frère jouait les harmonies dominicales à l'église.
Voilà la distribution telle qu'elle demeure dans la légende familiale et dans mon souvenir: François l'aîné de tous, le tonton d'Amérique qui avait épousé une très jolie jeune femme laotienne et jouait de la guitare acoustique en fredonnant des balades qui me le figuraient tel une sorte de Henri Salvador échoué en Guyane, mon papa, forcément plus sérieux, cantonné au registre religieux qu'il avait assimilé devant son harmonium et sur le tas, Xavier et Benjamin enfin (et Joseph?) avec leurs reprises des Shadows, ces mêmes mélodies que notre sorte de
Nagra avait un jour captées et qu'on écoutait avec nostalgie et ravissement.
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