Petit pois


Quand j'étais petite, un de mes contes préférés était celui de la princesse au petit pois d'Andersen.
L'idée de cette princesse trempée comme une soupe et posée sur sa montagne d'édredons et de matelas de plume qu'un petit pois indispose en même temps qu'il la sauve aux yeux du prince me semblait d'un raffinement absolu et d'une belle inventivité! La fin était heureuse, le prince se la racontait sans doute un peu trop, mais qu'importe.
Si j'étais princesse au pois, mon grabat à moi serait un mille-feuilles de papiers collés, d'articles, de lettres, de cahiers de notes, d'histoires attachantes (des portraits, des épopées), de faits-divers (de dix lignes à dix mille signes), de pages de mode (un paletot italien) ou de déco (un intérieur londonien), de recettes et de menus, de dessins, croquis, motifs, plans, de photographies aussi.

Mon pois à moi, qui me tourmente et me saisit dans mon sommeil, il est en creux, tout en vide et en absence. Et chaque jour je me réveille au sommet de tous ces mots et ces papiers accumulés, conservés, consignés, colligés. Et j'attends mon prince, mais il ne viendra plus.

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