Sixième sens

À lire avec amusement les images (pour ne pas dire les clichés) que me renvoient certains de mes interlocuteurs, mes origines indiennes pourraient m'avoir prédisposée à une certaine vulgate spirituelle ou ésotérique, voire à une religiosité innée (!).
Car c'est bien connu, l'Inde est une vaste contrée à la fois pétrie de sérénité éthérée et de ferveur religieuse, de couleurs et de poussière. C'est compter sans mon matérialisme déterministe teinté de cynisme, héritage européen s'il en est.

Avec l'âge toutefois, la vie qui se déroule surtout, qui enchante et désenchante, je renoue avec mon héritage et me prends à convoquer des raisons supérieures ou immatérielles à tout bout de champ.
Il y a des moments où c'est nécessité absolue, de croire par exemple que l'esprit survit à la pourriture des chairs ou à leur consomption, que les idées, le souvenir, la mémoire sont une présence au monde, véritable et pérenne.
Il y a aussi de manière plus banale et prosaïque l'extraordinaire capacité de mes enfants à s'imprégner de mes propres affects et à y déceler du sens, en me laissant alors penser qu'ils ont développé des sortes d'antennes, discrètes terminaisons extra-lucides et sensibles! C'est souvent troublant et j'ai beau jeu de vouloir les protéger ou les écarter d'une possible zone de turbulences, d'émois ou de tourments qui ne les concerneraient pas, les petites antennes vont leur chemin (par les airs? ondes? vibrisses?) et atteignent leur but: me confondre et me sidérer par leur acuité et leur pertinence, au détour d'une question qui fait mouche, ou de manifestations somatiques qu'ils développent par procuration.

Je crois qu'en grandissant on perd nos antennes et leur intelligence subtile.
Elles réapparaissent parfois, mais sur l'instant on n'en perçoit pas la vibration ni la portée, et le sens de ce trouble infime ou diffus nous échappe...
Ce message a été envoyé depuis un terminal BlackBerry de Bouygues Telecom

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