The Sweet Hereafter

En route pour une semaine normande. Le train nous berce, le ciel est tendu de gris pâle, le soleil y perce de loin en loin, reflet fidèle de ma journée présente. Ma jeune nièce s'est endormie blottie contre moi, peau contre peau, confiante et fatiguée. Son gabarit de poupée délicate (petit nez rond, cou et poignets graciles, cheveux plumes) pèse délicieusement. Je l'entendrais presque ronronner, mais non c'est notre voisin qui ronflote devant son netbook.
Je repense confusément à ma propre fille et à son humeur massacrante parfois, à l'enfant qu'elle a été. Un moment de cinéma me revient: l'adaptation par Atom Egoyan du roman De beaux lendemains de Russell Banks. Il y a bien sûr l'histoire principale de l'accident du bus scolaire englouti dans un lac gelé, la procédure engagée par les parents en deuil. J'ai surtout le souvenir poignant d'une histoire dans l'histoire, celle que raconte l'avocat après que sa fille, désormais jeune femme camée, à la dérive, l'a appelé d'une cabine à l'autre bout du pays ou de l'état, en colère et en rupture avec les siens: le souvenir le hante d'un long trajet d'angoisse avec sa toute petite fille sur les genoux, inconsciente et congestionnée (après une piqûre d'insecte); un couteau en main, il est prêt à tenter une trachéotomie si l'enfant venait à s'étouffer, comme le lui a commandé de le faire le médecin qui les attend au bout du trajet. L'enfant y réchappe. Ses parents finissent par la perdre néanmoins, de longues années plus tard... Les yeux du vieil avocat joué par Ian Holm se voilent d'amertume et de douleur pendant qu'il déroule son récit...

La brume s'est levée, le ciel est bleu. L'air sent la campagne (l'herbe et le crottin plus précisément). Et demain est un autre jour.

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