Abyme repetita
Voici quelques semaines que ma fille refuse de rendre ses rédactions, ne parvenant pas à écrire et se figeant dans un refus catégorique de rendre quoi que ce soit qui ne serait pas parfaitement ficelé et rédigé. J'ai à cette occasion, comme à d'autres moments, fait valoir que ce perfectionnisme buté l'épuiserait elle et son goût pour l'écriture, qu'elle devait accepter de ne pas viser à chaque fois les meilleures notes (qu'elle recueille au final, ce qui n'arrange pas mon affaire).
A l'occasion d'un dernier devoir (imaginer un dialogue de théâtre où un personnage enseigne à un autre une activité élémentaire: manger, courir, chanter), elle a décidé de prendre ses difficultés à bras le corps et la tangente en même temps en choisissant d'écrire... sur sa difficulté à écrire: expliquer pourquoi elle n'arrive pas à rendre un texte abouti, donner une forme à ses pensées en vrac, à la confusion qui la saisit alors. Son professeur, intéressé par les deux premiers paragraphes, l'encourage à poursuivre dans cette veine. Il a nommé son début de texte 'journal de l'impossible'... Je me réjouis qu'elle ait remis l'ouvrage sur le métier, et apprécie un peu aussi qu'elle me sollicite de nouveau pour recueillir mon sentiment (ou ma bénédiction). La voici qui revient pour m'informer des progrès: non ma fille, un poème au milieu de cette auto-critique sera un peu 'too much', oublie et re-concentre-toi sur ce f. sujet. Elle tourne les talons et disparaît de nouveau dans son antre. Resurgit, enjouée: les personnages à leur tour vont soliloquer l'un puis l'autre parce qu'ils n'y arrivent pas: les mots leur manquent, ils ont oublié ces savoir faire élémentaires et ne sauraient les transmettre. Ils bavarderont à ce sujet. Euh oui c'est un motif assurément original, et le professeur appréciera l'exercice de mise en abîme; il saura certainement l'évaluer à sa juste valeur formelle (et pan une super bonne note).
Cette histoire aride sonne évidemment comme un message inquiet et pressant... Très chère jeune fille, puisses-tu retrouver insouciance et légèreté, pour déployer tes ailes, et tes pages, y écrire ton histoire, armée de belle confiance et de tout mon amour.
A l'occasion d'un dernier devoir (imaginer un dialogue de théâtre où un personnage enseigne à un autre une activité élémentaire: manger, courir, chanter), elle a décidé de prendre ses difficultés à bras le corps et la tangente en même temps en choisissant d'écrire... sur sa difficulté à écrire: expliquer pourquoi elle n'arrive pas à rendre un texte abouti, donner une forme à ses pensées en vrac, à la confusion qui la saisit alors. Son professeur, intéressé par les deux premiers paragraphes, l'encourage à poursuivre dans cette veine. Il a nommé son début de texte 'journal de l'impossible'... Je me réjouis qu'elle ait remis l'ouvrage sur le métier, et apprécie un peu aussi qu'elle me sollicite de nouveau pour recueillir mon sentiment (ou ma bénédiction). La voici qui revient pour m'informer des progrès: non ma fille, un poème au milieu de cette auto-critique sera un peu 'too much', oublie et re-concentre-toi sur ce f. sujet. Elle tourne les talons et disparaît de nouveau dans son antre. Resurgit, enjouée: les personnages à leur tour vont soliloquer l'un puis l'autre parce qu'ils n'y arrivent pas: les mots leur manquent, ils ont oublié ces savoir faire élémentaires et ne sauraient les transmettre. Ils bavarderont à ce sujet. Euh oui c'est un motif assurément original, et le professeur appréciera l'exercice de mise en abîme; il saura certainement l'évaluer à sa juste valeur formelle (et pan une super bonne note).
Cette histoire aride sonne évidemment comme un message inquiet et pressant... Très chère jeune fille, puisses-tu retrouver insouciance et légèreté, pour déployer tes ailes, et tes pages, y écrire ton histoire, armée de belle confiance et de tout mon amour.
_
Ce message a été envoyé depuis un terminal BlackBerry de Bouygues Telecom
Commentaires
Enregistrer un commentaire