Rédaction n°7

Je n'arrive pas à faire cette rédaction. Je n'arrive même pas à imaginer le dialogue. Les personnages restent muets. Des bouts de phrase commencent et puis se perdent, dégringolent et se mélangent au reste de mes pensées. Mais j'essaie de me concentrer là-dessus, j'espère d'ailleurs avoir écrit quelques lignes à la fin de cette heure.


Cinq minutes ont passé, pas possible de réfléchir à un tel échange lorsqu'un surveillant frappe toutes les trentes seconde (sic) sur une table. Quelqu'un qui apprend à rire, à manger, à boire, ou... ça y est je suis encore perdue. Je ne sais pas si ce que j'écris va servir à quelque chose. La tristesse me ronge, elle s'accroche à moi et ne me lâche plus, je suis comme sa proie.

Maintenant je suis énervée, voire en colère, parce que ce soir je suis incapable de terminer une phrase sans qu'une pensée parasite vienne éparpiller mes mots. Tout s'accélère et se percute, se brise et se casse, les mots commencent à manquer, tout devient abstrait... Et là c'est le grand vide, comme si enfin je parvenais à ne plus penser, mais ce vide me gêne, il m'étouffe, puis devient agaçant, et me rend à nouveau en colère.
Les personnages, eux, se frappaient et sont tombés au sol, y sont restés pour un moment de repos, puis ont repris leur combat. Difficile de les faire discuter.

Le M. Jourdain de mes pensées ne peut pas non plus "apprendre" à se lever, à manger ou à boire. Lorsque la tristesse s'empare de moi et m'emprisonne, lui aussi en est victime. Il n'a envie de rien, et ma profonde souffrance l'empêche de parler.

Nilu, mai 2011


Retranscrit avec l' "aimable autorisation de l'auteur";
la formule est de rigueur,
elle sonne ici comme une promesse de lendemains meilleurs...

Commentaires

Articles les plus consultés