Le livre, la baignoire et l'ergothérapie


Certains livres me tombent des mains, non qu'ils soient ennuyeux, mais parce qu'ils sont trop lourds ou volumineux. N'ayant pas des mains de bûcheron, je suis parfois empêchée de lire confortablement à cause d'un volume très épais ou d'un papier trop fort.
Sans compter les postures périlleuses:
  • au lit, avec un gros pavé au dessus de la tête (se munir d'une lampe frontale) ou un teigneux petit poche qui n'en finit pas de se refermer, si bien qu'on finit par lui casser le dos pour qu'il se tienne tranquille,
  • dans le métro parisien, où une seule main disponible ne suffit pas à tenir et tourner en même temps l'ouvrage et ses pages (parade n°1 : souffler entre les pages et elles s'ouvrent; parade n°2 : laisser tomber, et écouter de la musique),
  • dans le bain, attention à la ligne d'eau voire aux bulles de savon qui grignotent les coins glacés du livre avec un discret crissement de fourmi légionnaire.
Je suis fâchée avec les hauts livres étroits où l'on manque de se pincer le nez à lire les mots enfouis dans le pli.
Je loue les livres bien larges avec une marge généreuse et des blancs apaisants (comme dans la conversation!).
Je suis fâchée avec les livres de l'épaisseur d'un tronc qui me démolissent l'éminence thénar (voir figure ci-dessus).
Je loue les livres souples et maniables de papier fin, si lestes que j'aimerais parfois les offrir en rouleau, enveloppés dans du papier crépon comme des bonbons géants.

Mention spéciale à la délicieuse revue littéraire Décapage: photos de couverture à l'humour chic, et surtout ergonomie parfaite d'un joli format carré associé à un papier d'une grande légèreté. Idéale lecture de baignoire! Il faudrait qu'ils songent à des couvertures plastifiées...

Commentaires

  1. Cela me fait penser au gens qui couvrent les livres dans les transports en commun... Je me suis toujours demandé s'il s'agissait de maniaques de l'intégrité de l'objet (et je les renvoie à une bonne psychanalyse...) ou bien s'ils pensaient que leur lecture puisse présenter un intérêt si vif pour leurs co-victimes périples urbains que ces derniers ne les assaillent de questions et de regards appuyés voire leur subtilisent l'objet convoité... je me plais à croire que le sujet de leur lecture est sulfureux mais j'ai peur,hélas, comme souvent, d'être déçu...

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  2. J'ai une idée sur la raison qui pousse certains à couvrir leurs livres.
    Je me dis qu'ils lisent un polar et qu'ils ont terriblement peur qu'un voisin leur dévoile l'issue de l'enquête de façon prématurée...

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  3. que tu est fin prête pour la version "e-Book" (mais pas la version "il y a une application pour ça" : avec les mains savonneuses ça ne va pas le faire... quoique qu'avec le nez...)...

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  4. C'est un problème auquel je suis régulièrement confrontée. Je pensais avoir atteint le poids maximum avec Le Seigneur de Bombay, mais depuis que j'ai entamé la lecture d'Amis américains, de Bertrand Tavernier, je pense reprendre la musculation...

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