Laissez parler les p'tits papiers


Mes vacances estivales se révèlent abruptement cette année, un peu comme lorsqu'en rêve, la terre se dérobe parfois sous les pieds (vous rêvez que vous marchez et soudain le sol s'efface sous vos pas et vous manquez de tomber, en vrai).
Il va falloir attraper une valise ce soir, y jeter quelques effets, envoyer le chat chez la voisine voir si j'y suis, se coucher tôt, se réveiller encore plus tôt, attraper un train dès l'aube et, quelques heures plus tard, s'autoriser enfin à reprendre son souffle.

Je vais subitement passer des décoaptations articulaires et des décussations nerveuses de mes ouvrages préférés du moment à une proposition infiniment plus aimable et limpide de la vie: se lever, deviner la lumière qui frise au-dessus des cimes à l'horizon, digérer ses rêves, s'étirer, manger, lire, rêvasser, dormir, écrire, nager, traverser le jardin pour entendre le murmure du ruisseau sous les sapins, ou traverser le lac en barque! lire, cuisiner, entendre les heures se consommer au son des cloches lointaines, dormir, rêver.
Voilà qui donne aux urbains dont je suis, comme souvent à l'heure des vacances, des envies de décroissance ou d'élagage.
Il y a à cet instant un rite que j'affectionne et auquel je ne dérogerai pas demain quand j'aurai regagné mes paisibles quartiers d'été.

Sur une feuille blanche, écrire ce qui fait qu'on est soi, décrire son quotidien autant que son absolu, dessiner une ambitieuse carte mentale ou un modeste arbre heuristique (aïe, oui je sais, promis c'est la dernière fois), désigner ce qui vous fait exister, ce qui vous meut et vous émeut absolument, et ce qui vous encombre à la marge, en des contours flous, brouillons et velléitaires, car justement ce n'est déjà plus vous...

Puis découper, en vrai, avec des ciseaux ou à la pointe du couteau, tout ce qui bave, ou brouille, ou se balade (ou vous balade) et qui n'est pas solidement arrimé. Laisser les chutes de son découpage à l'endroit (ou les brûler si on aime la solennité, ou les manger si on aime le papier mâché) et s'en repartir, les idées claires et souriantes, le cœur au vent.

Bonnes vacances à vous.

Commentaires

  1. Je regarde l'eau se frayer doucement un passage dans un coin de ma tête pour retrouver ces sensations de bonheur eudémonistique

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  2. Le chat envoyé et la voisine29 juillet 2011 à 22:21

    Humpphhh ... Grrrr ... non mais !

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